Voyages, voyages...

De retour à Fr. pour trois jours. En face du supermarché, sur le terrain de sport de l'ex-école de police sont installées de grandes tentes blanches en matériel mi-dur censées accueillir les réfugiés qui affluent. Arrivée à mon lac préféré, un jeune homme noir m'interpelle :"May I talk to you?" "Sure!" C'est S. qui vient de Gambie, charpentier de son état, en Allemagne depuis deux mois. Nous bavardons longuement, curieux l'un de l'autre. Il parle anglais, mais pas allemand. il attend des papiers, des autorisations, mais c'est si long et il n'a rien à faire. Je demande: "Is there a war in your country?" "No war. We have a dictator." Alternative: un dictateur ou la guerre? Repenser à tous les pays où nous avons foutu le bazard, en éliminant des dictateurs... Mais il est évasif sur les raisons de sa venue, il est là c'est tout, et il est seul, bien perdu, mais quand même "c'est bien l'Allemagne".

La veille , nous avons rencontré C. du Ghana, infirmière qui revient chaque année travailler quelques mois dans un hôpital allemand. Avec l'argent qu'elle gagne et les contacts qu'elle a noués, elle a réussi à mettre sur pied au Burkina-Faso un mini-hôpital, dispensaire gratuit pour les très très pauvres qui ne peuvent pas se payer le vrai hôpital. Femme pleine d'énergie et d'entrain, toute impliquée dans la cause qu'elle défend, le droit des pauvres à se faire soigner.

Et les futurs voyageurs en partance pour l'Islande se sentent soudain bien humbles face à ces voyageurs volontaires ou involontaires et leur tirent leur chapeau...

Petit flash back: fin du séjour en Cévennes avec beau temps puis orage. Deux jours de camping auprès de ma calanque préférée. comme le Mistral avait beaucoup soufflé, l'eau était absolument glaciale. 15 ou 16 degrés? Je me suis baignée quand même parce que c'était maintenant ou l'année prochaine, mais ça faisait comme des aiguilles qu'on enfoncerait dans la chair...

À la fête du quinze août (grande fête!) à St. A. j'ai repensé à la Bolivie en voyant un groupe de danseurs Boliviens de Sucre qui avait aussi participé au gigantesque défilé du quinze août à Urkupiña pour la fête de la Vierge. Ils étaient sur la place de l'église et dansaient pour s'échauffer avec leur beaux costumes bariolés. Puis sont arrivés les Tahitiens, les hommes avec leurs tambours, les femmes avec leurs costumes, longs paréos à taille basse et soutien-gorge en forme de noix de coco. Les tambours ont résonné très fort sur le parvis de l'église et les Tahitiennes ont dansé. Les Boliviens se sont approchés, une des femmes s'est jointe au groupe de danse tahitienne. Ils ont fait des tas de selfies ensemble. De l'autre côté de la place, il y avait des majorettes tchèques qui ont dansé aussi avec les Boliviens.. après, pour le défilé, chacun a regagné sa place, mais c'était chouette, ce mélange coloré des genres.

Voilà, 28 août, jour J moins un. Arrivée prévue demain à 15 heures trente-cinq à Reykjavik, et le reste, je vous le raconterai plus tard! Pas les trois premiers jours parce que nous serons en route, mais à partir du premier septembre.

En allemand, on dit "Reisefieber", la fièvre du voyage, comme "Lampenfieber", la fièvre des lampes, pour le trac. Elle n'est pas aussi forte que pour la Bolivie, mais quand même, quand même...

À bientôt!

Comments

[Sylvie]

.."repenser à tous les pays où nous avons foutu le bazard.." oui, oui, exactement: qui sème le vent, récolte la tempête.



En Amérique du Sud, on n' a pas ce genre de problème, d'ailleurs en ce moment on a l'air d'être globalement à l'écart de beaucoup de problèmes. La terreur a peut-être suffisamment régné par ici durant les années 1965-95.



De loin, par la lorgnette de la télé, j'assiste aux drames humains comme si je me trouvais sur une autre planète, et je pense: mais, ils sont fous ces humains, alors qu'il suffirait de ne plus produire d'armes ( Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie sont les plus gros vendeurs d'armes dans le monde), de fumer le calumet de la paix et de déguster quelque chose de bon tous ensemble.



Tous les petits soucis quotidiens se réduisent comme peau de chagrin face au sort de tous les déplacés, réfugiés, migrants: les escapades en Islande ou ailleurs sont des luxes, qu'il faut reconnaitre comme tels, c'est vra, alors profitez bien de votre voyage!!