un coq en Cévennes

Aujourd'hui quatre août, départ dans 26 jours. Tranquilles dans notre village, loin des autoroutes et passant alternativement des journées ensoleillées aux journées d'orage. Jo prépare des plaques de zinc et de lino qui lui serviront à faire des gravures à Siglufjordur. Je continue à rêver au choc des températures, à faire des confitures, à nager dans les rivières dont le niveau d'eau baisse à mesure que l'été s'avance.

Une petite histoire cévenole:

Quand nous somms arrivés ici pour les vacances de Paques, nous avions constaté la présence nouvelle d'un coq, pas très loin de chez nous, sur l'autre pente du "valat" (un oued, pourrat-on dire). Deux matins de suite, de vigoureux cocoricos nous ont salués, puis, le troisième matin, silence, plus rien. Par la voisine, nous avons appris que la fouine avait saigné tout le poulailler, sauf une poule qui couvait ses œufs un peu en retrait des autres. Pas de chance pour les volatiles et plus de réveils matinaux.

En revenant pour les vacances d'été, nous sommes de nouveau accueillis par d'étranges cris, des cocoricos qui déraillent, très fort et très faux. Ce nouveau coq a un problème de voix, il piaille à tout moment du jour et commence à l'aube, vers 5 heures 30, ce dont nous profitons à plein, car avec la chaleur, on dort avec toutes les fenêtres ouvertes. Après deux jours de commentaires goguenards sur cette voix mâle qui déraille et d'inquiétude en pensant  qu'il va falloir ncore le supporter trois semaines, le troisième matin, de nouveau silence total, pas de coq, pas de réveil-matin, plus un bruit.

Que s'est-il passé?

Nous finissons par interroger la voisine qui nous apprend que cette fois, c'est le renard qui est passé et a emporté le coq. La fouine saute à la gorge, saigne ses victime et les laisse sur place, mais le renard emporte sa proie pour son dîner. On n'a retrouvé que quelques plumes, preuve du mortel combat qui s'est déroulé au poulailler. il paraît que la propriétaire des poules avait essayé de faire rentrer le coq le soir mais que celui-ci n'avait pas voulu rentrer. Qu'il s'était donc retrouvé tout seul la nuit face à son adversaire dans un enclos pas assez sécurisé.

Quand j'étais enfant, nous avions aussi des poules. On ne leur demandait jamais si elles voulaient bien rentrer. Avant la tombée de la nuit, on les poussait vers le poulailler, la plupart y couraient de leur plein gré, d'autres se faisaient un peu houspiller. Mais jamais ni poule ni coq n'aurait passé une nuit dehors. On verrouillait leur cagibi et tout ce petit monde dormait perché jusqu'au matin, lorsqu'on leur rouvrait la porte. (Ainsi le coq ne commençait à chanter que lorsqu'on était déjà réveillé).

On pense irrésistiblemet à la chèvre de Monsieur Seguin... S'il vous plaît, madame, laissez-moi rester dans la cour! Mais malheureux, tu ne sais pas que dehors, il y a le renard? Ça ne fait rien, Madame, laissez-moi coucher dehors! Et puis, au plus profond de la nuit, le renard l'a mangé...

Ça me fait penser aussi à la "concurrence libre et non faussée" prônée par le néo-libéralisme: il faut laisser le renard libre entrer dans les poulaillers libres... et que le plus fort gagne. Et l'on sait bien d'avance qui est le plus fort et qui se fera toujours manger.

Ou, comme le dit beaucoup mieux Rousseau: "Entre le faible et le fort, c'est la liberté qui opprime et la loi qui libère."

Tout ça à partir d'une histoire de coq. Je me demande si la dame va en racheter un, si elle mettra des verrous et fera renter  tout le monde au crépuscule. Mais entre nous, je ne suis pas tout à fait mécontente de ne plus être réveillée à 5 heures 30 du matin!

Demain, nous partons camper quelques jours dans l'Aubrac. il paraît que les vaches y ont de si beaux yeux!

À bientôt!

Comments

[Annie]

Ce petit monde de fouines, coqs et renard me laisse "penseuse"



Alors, ... si dans l'Aubrac, le soir, dans les présw, les vaches vous font des yeux langoureux, ...quand même, résistez au sortilège, rentrez dans la tente au crépuscule....car si la fouine ou le renard venait à passer par là : le blog nous manquerait ...tout antant que vous bien sûr!